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Les défis du capitalisme : Le cas de SAC Capital





Dès son plus jeune âge, Steven Cohen, n’a jamais voulu de cette vie ouvrière de la classe moyenne, il voulait être différent et rêvait de richesse. Son parcours atypique commença à prendre forme à la « Wharton Business School »  et se poursuivit, tout comme Jordan Belfort (clin d’œil au Loup de Wall Street), dans le seul endroit à la hauteur de ses ambitions, Wall Street.

 

Cohen embrassa son destin financier en rejoignant la banque d'investissement «Gruntal». Sans être un prodige des mathématiques ou de la finance, Cohen se révéla être un trader exceptionnel. Son talent était si évident que son patron chez Gruntal déclara : "Je savais qu'il deviendrait célèbre au bout d'une semaine. Je n'ai jamais vu un tel talent."

 

Quelques années plus tard, en 1984, Cohen franchit le pas en quittant Gruntal pour fonder son propre Hedge Fund, « SAC Capital Advisors ». À ce moment précis, les étoiles semblaient s'aligner pour faire de Steve Cohen une véritable success story.

 

Devenant rapidement le roi des Hedge Funds, SAC Capital se hissa parmi les plus rentables grâce à une stratégie qui, bien que manifestement infaillible, était aussi incontestablement illégale. Cependant, dans cet élan d'optimisme, les projecteurs du FBI et de la SEC commencèrent à se braquer sur Steve Cohen et son empire.

 

Cet article vous emportera dans l'histoire captivante d'une figure emblématique de Wall Street, au cœur du plus monumental cas d'Insider Trading de tous les temps. Cette chute vertigineuse du légendaire hedge fund, SAC Capital, révèlera également les failles sous-jacentes du capitalisme. Une histoire fascinante qui soulève des interrogations cruciales quant à la compatibilité de ce système avec un monde où l'éthique occuperait le devant de la scène.

 

Pour comprendre cette histoire, nous devons, avant tout, comprendre comment Steve Cohen est devenu le roi des hedge funds en faisant de SAC Capital, le hedge fund le plus rentable de l’histoire.

 

Steven Cohen était une figure captivante de Wall Street car il nageait à contre-courant. Contrairement à Warren Buffet par exemple, il n’optait pas pour des investissements à long terme. Cohen était un spéculateur à court terme, qui avait bâti une fortune personnelle en pariant massivement sur de petites variations du cours des actions, il maintenait des rendements élevés, défiant toute attente, année après année.

 

Concrètement, la stratégie était basée sur la volatilité lors de la publication des résultats des entreprises cotées en bourse..En effet, lorsque les résultats financiers d'une entreprise s'écartent du consensus établi par les analystes, le prix de son action tend à subir une variation correspondante, se traduisant par une augmentation ou une diminution de sa valeur sur le marché. Cohen voulait donc utiliser cette volatilité pour faire du profit et, pour ce faire, l'objectif était de collecter autant d'informations que possible avant la publication des résultats, afin d'obtenir un avantage ou, comme on dit dans le jargon financier, "to get an edge".

 

Chaque trader chez SAC était chargé de se procurer cet avantage en accédant à des informations privilégiées (inside information), une pratique toutefois illégale. En effet, le prix d'une action est censé refléter de manière transparente toutes les informations disponibles publiquement. La stratégie de SAC s'appuyait donc sur l'obtention d'informations non accessibles au grand public, procurant ainsi un avantage temporel sur les marchés financiers. Bien sûr, ceux qui partageaient ces informations étaient récompensés de manière tangible, en papier vert.

 

Mais d'où provenaient ces informations cruciales?

 

Les « expert network companies » jouent ici un rôle crucial. Elles orchestraient la connexion entre des spécialistes dans divers domaines et des traders avides d'informations précises. Ces derniers étant disposés à débourser des sommes considérables pour ces informations de cette qualité – parfois jusqu'à plusieurs millions annuellement -.

 

Comme on peut l'imaginer, avec de telles sommes en jeu, les consultants se retrouvaient sous pression pour fournir des informations véritablement exploitables et chaque trader de SAC avait accès à de l’information privilégiée. Cohen semblait néanmoins être très prudent puisqu’il donnait une totale indépendance à ses traders, il n’était jamais en contact direct avec eux. Cela aura toute son importance dans la suite de cette histoire.

 

Grâce à cette stratégie imbattable, SAC a réalisé des performances exceptionnelles. Pour vous donner une idée, le hedge fund a affiché des rendements moyens de 30% après déduction des frais sur le capital et le profit. 30% par an ? Cela peut vous paraitre quelque peu abstrait, illustrons cela concrètement : imaginons que vous ayez investi 1000€ à la création du hedge fund : vous auriez eu, 21 ans plus tard, un capital d'environ 247 000€ (en considérant une composition annuelle des intérêts). Une performance remarquable, n'est-ce pas ?

 

Tellement remarquable, qu’elle a attiré l’œil du FBI et de la SEC (Security Exchange Commission). Ils ont alors commencé à investiguer sérieusement sur SAC Capital, Steve Cohen et ses collaborateurs.

 

Pendant des années, le FBI a minutieusement collecté des informations, suivant des traces laissées dans les e-mails, les appels téléphoniques, et même en utilisant des informateurs au sein des réseaux d'experts. L'investigation a fini par porter ses fruits, entraînant l'arrestation de nombreux traders de SAC.  

 

Un nombre significatif d'employés de SAC ont avoué leur implication dans des pratiques d'insider trading, et certains ont même coopéré avec le FBI. Il est apparu que, pour prospérer au sein de SAC, chaque trader devait recourir à de l’inside information, le tout avec une indépendance quasi-totale. Cohen se désintéressait de la provenance de ces informations, tant qu'elles se traduisaient en profit. Une partie de ces gains était d'ailleurs rétrocédée aux traders, créant ainsi une incitation à utiliser ce type d'information.

 

Bien que les preuves incriminant SAC d'insider trading se soient accumulées, Cohen, détenteur à 100% du hedge fund et architecte de son succès, n'a jamais été formellement inculpé. Aucune preuve tangible n'a pu démontrer que Cohen était au courant des activités répréhensibles de ses traders. En fin de compte, malgré la reconnaissance de la culpabilité de SAC Capital dans des pratiques d'insider trading à grande échelle, Cohen et ses collaborateurs les plus proches ont échappé à des poursuites pénales. En conséquence, SAC a été contraint de payer la plus grande amende de l'histoire en matière d'insider trading, s'élevant à 1,8 milliard de dollars. Cohen, quant à lui, a pu reprendre les rênes de SAC en privé et s’est même fait un petit plaisir en acquérant une franchise de baseball : les « Mets » de New York.


En scrutant les méandres de ce scandale financier, une question émerge : ce système capitaliste, si longtemps glorifié pour sa capacité à stimuler de la croissance, peut-il subsister dans un environnement où l'éthique et la responsabilité sociale sont devenues des impératifs ? Les pratiques d'insider trading, exposées dans cette saga financière, mettent en lumière les défaillances fondamentales du système, où la quête insatiable de profits peut engendrer des comportements douteux et amorcer une spirale sans fin de transgressions.

 

De plus, une réalité persiste : l'impunité demeure fréquente dans ces affaires. D’importants dirigeants, tels que ceux de SAC Capital, échappent souvent aux peines d’emprisonnement. Cela soulève des inquiétudes quant à la capacité du système à imposer une justice équitable.

 

À une époque marquée par des évolutions constantes dans le monde financier, il est essentiel de réfléchir à la durabilité des modèles économiques actuels, notamment en termes de conformité légale et de transparence dans les marchés. Le cas de SAC Capital soulève des questions importantes sur la manière dont les réglementations financières peuvent s'adapter pour mieux encadrer les pratiques de trading et assurer une justice équitable.

 

En fin de compte, la viabilité du capitalisme dépend peut-être de sa capacité à évoluer dans un cadre légal qui favorise non seulement la croissance économique mais aussi l'intégrité et la confiance des marchés.

 

Et toi, quel est ton point de vue à ce sujet ?


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Cet article a été rédigé par Loris Fileccia 

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