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Chronique : Comment Michael Burry a-t-il prédit la crise de 2008 ?

Dernière mise à jour : 26 nov. 2023



Le rêve américain, incarné par la maxime « Tout le monde mérite d'avoir un toit sur la tête », a inspiré des années de créations de produits de prêt immobilier, orchestrées par les banques pour concrétiser ce rêve. Cependant, dans cet élan d’optimisme, un homme allait émerger avec une vision claire des problèmes sous-jacents du système bancaire : Michael Burry, fondateur du fonds d'investissement Scion Asset Management. Ses observations aiguisées ont mis en évidence des failles énormes qui, malheureusement, ont été largement négligées, déclenchant ainsi l'effondrement du marché immobilier américain ainsi que des retombées systémiques. Cette séquence d'événements marquera le début d’une crise financière mondiale, sauf pour Michael Burry qui allait non seulement anticiper le désastre, mais également s'enrichir.


Cet article vise à mettre en lumière les mécanismes de cette prévoyance remarquable. Comment Michael Burry a-t-il réussi à anticiper la crise, à parier contre le marché immobilier et à sortir gagnant de cette situation désastreuse ? Plongeons ensemble dans cette fascinante histoire.



Pour comprendre sa prédiction, il est essentiel d'analyser un élément clé de la crise : les « mortgage-backed securities » (MBS).

Pour simplifier, voici comment ce mécanisme fonctionne : disons que vous souhaitez acheter une maison d'une valeur de 500 000 €. Vous empruntez ce montant auprès d'une banque sous forme de prêt hypothécaire. En contrepartie, vous vous engagez à rembourser ce prêt par mensualités, avec intérêts. Ce processus est répété maintes fois. À première vue, il s'agit là d'un prêt hypothécaire classique. Imaginez à présent qu'une grande banque d'investissement propose d'acheter l'ensemble de ces prêts hypothécaires à votre banque. Celle-ci profite instantanément d'un profit et se décharge du risque de défaut lié à ces prêts.

« That’s a deal »

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Les banques d'investissements effectuent ce que l'on nomme une « titrisation ». De manière simplifiée, elles rassemblent ces prêts hypothécaires en pools et émettent des titres basés sur ces pools. Ces titres peuvent être achetés par des investisseurs sur les marchés financiers. En retour, les investisseurs reçoivent les paiements d'intérêts et de principal des prêts sous- jacents, ce qui constitue le rendement de leur investissement. Ces titres sont les fameux MBS, ou « titres adossés à des créances hypothécaires ».


Initialement populaires en raison de leurs rendements apparemment sûrs, ces actifs semblaient peu risqués car « Who the hell doesn’t pay their mortgage? » (Clin d'œil au film «The Big Short»).

Mais la réalité fut bien différente. Les banques ont commencé à proposer des prêts de plus en plus risqués, nommés « subprimes ». Une pléthore de nouveaux produits hypothécaires a émergé pour aider le plus grand nombre à atteindre ce rêve américain : la propriété.


Au début des années 2000, Michael Burry a détecté l'évolution déconcertante de cette situation. Les banques accordaient des titres à tout-va, peu importe la capacité de remboursement de l’emprunteur. Les prêts hypothécaires étaient revendus aux banques d'investissement, éliminant ainsi tout le risque endossé par les banques commerciales. Les banques ne se souciaient plus du tout du risque de défaut, leurs intérêts se tournaient exclusivement vers la croissance et les bénéfices.


Mieux encore, un produit hypothécaire fut créé: « The worst of the worst ». Ce dernier ne nécessitait aucune source de revenu. Pour Michael Burry, un point de non-retour fut atteint. Il utilisa des « Credit Default Swaps » (CDS) pour parier contre les MBS. En d'autres termes, il a investi tout le capital de son fonds d'investissement dans la chute du marché immobilier américain. Et il avait vu juste : les défauts de paiement ont grimpé en flèche, pulvérisant la valeur des MBS.


En pariant contre le marché immobilier, Michael Burry a généré un bénéfice personnel de 100 millions de dollars, avec plus de 700 millions de dollars pour ses investisseurs.



Au-delà de l'extraordinaire enrichissement de Michael Burry pendant cette crise, l'essence la plus précieuse de cette histoire réside dans la clairvoyance de cet homme au milieu d'une folie collective. Il nous rappelle avec force que dans un monde complexe et en perpétuelle évolution, maintenir son sang-froid peut être notre plus grand allié.


Auteur de l'article : Loris Fileccia

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