Dans sa neuvième édition du tableau de bord des investisseurs particuliers actifs, l’AMF met en exergue un nombre toujours plus important d’épargnants intervenant sur les marchés financiers. Malgré une année 2022 marquée par des tourmentes géopolitiques, économiques et énergétiques, environ 1,5 million d’épargnants ont réalisé au moins une opération d’achat ou de vente sur des actifs financiers. Bien qu’inférieur à celui de 2021, ce niveau surpasse ceux des années antérieures à l’année 2020. Cet attrait pour l’investissement sera probablement plus prononcée en 2023 en raison des opportunités florissantes que cette année regorge, à condition de comprendre les fondamentaux inhérents au monde de la finance et d’être clairvoyant quant à l’appréhension du risque qui découle des investissements prévus. En manque de repères dans l’univers de la bourse ? Boursicotalk vous propose une immersion dans un monde qui s’avère bien plus ouvert que ce que l’on pense.
I. Contexte
Au cours de ces dernières années, Les flux d’épargne se sont massivement dirigés vers des actifs financiers de type compte/livret d’épargne. Avec un taux de rémunération fixe (mais faible) et un risque quasi-nul, ces derniers trouvent grâce aux yeux des épargnants modestes car ces dépôts constituent la 2ème forme d’avoir la plus liquide du marché, après la monnaie fiduciaire. Cependant, bien que la quiétude que l’épargnant retire du fait de pouvoir disposer de son argent comme bon lui semble offre une sécurité plus qu’appréciable, le contexte inflationniste actuel émacie le peu de rendement généré par ces comptes d’épargne. Si l’inflation est de 4% et que le taux de rémunération des dépôts ou que le rendement moyen des assurances épargne-pension plafonne à 2%, votre capital se déprécie et vous perdez en pouvoir d’achat ipso facto. Agir avant que le fruit de votre travail ne se réduise comme peau de chagrin parait plus que nécessaire. Pour cela, il ne faut cesser de remettre en question ses choix d’investissement d’une part, et d’autre part de continuellement réévaluer les alternatives aux supports populaires dont nous disposons.
II. Trouver le courage de naviguer en eaux troubles : la première étape.
On entend pléthore d’arguments destinés à décourager les gens de se lancer dans l’investissement. Le plus célèbre d’entre eux est probablement qu’ils n’y comprennent rien à la finance et qu’ils ne réussiront de fait jamais à dégager un rendement aussi satisfaisant que celui proposé par les comptes d’épargne. Ces dires sont aux antipodes des valeurs que nous défendons. Selon une étude datant de 2013 de la Cass Business School de Londres, si les indices boursier étaient constitués de manière aléatoire par des chimpanzés, leurs performances seraient meilleures que celles des indices pondérés par capitalisation.. Le décor est planté. Les experts ne détiennent pas la science infuse et vous êtes bien plus intelligents que des chimpanzés.
III. L’Homme qui sait attendre.
« Ne s’empresser, ni ne se passionner jamais, c’est la marque d’un cœur qui est toujours au large. Celui qui sera le maitre de soi-même le sera bientôt des autres. Il faut traverser la vaste carrière du temps pour arriver au centre de l’occasion […] La fortune même récompense avec usure ceux qui ont la patience de l’attendre » Tel est l’enseignement de la maxime 55 tirée de « l’art de la prudence », écrit par le Jésuite Baltasar Gracián en 1647. Bien qu’écrit 50 ans avant que les premiers échanges d’actions ne s’opèrent au Jonathan's Coffee House à Londres, ce conseil (généraliste de base) est criant de pertinence et d’actualité dans le domaine de la finance. La bourse étant cyclique, l’investisseur se doit de garder à l’esprit le fait que des tendances baissières peuvent mettre à mal les cours de ses investissements. Après avoir déterminé votre profil d’investisseur et votre appétence au risque, Il faudra se montrer patient et n’allouer qu’un budget que vous êtes prêts à « perdre », de sorte à éviter les ventes de panique (panic selling) i.e. dans les pires circonstances. « Tant qu’on ne vend pas, on ne perd rien » Comme le dit l’adage. De plus, il est nécessaire de prévoir des versements réguliers d’un pourcentage bien précis de vos revenus vers des comptes titres afin de vous construire au fur et à mesure un portefeuille satisfaisant.
IV. L’art de gérer le risque
L’investisseur intelligent est celui dont la gestion (comprendre minimisation) du risque est particulièrement efficace. Une manière passive de se prémunir contre les risques inhérents de ses investissements (tout investissement comporte un risque) est la diversification de son portefeuille. Mettre tous ses œufs dans le même panier i.e. dans un même secteur d’activité ou dans une même zone géographique, est fortement déconseillé, quand bien même les opportunités liées à une industrie ou à un pays spécifiques s’annoncent florissantes. Il faut savoir raison gardée et répartir ses risques sur une dizaine de titres environ, sans tomber dans l’excès inverse. Il est préconisé, dans une perspective de gestion de portefeuille, d'envisager en priorité la constitution d'un noyau d'investissements basé sur des grandes capitalisations boursières. Cette stratégie présente l’avantage de réduire la volatilité de portefeuille en répartissant les risques sur des entreprises ayant des activité diversifiées et réparties sur plusieurs métiers et pays. En outre, un point non négligeable à considérer repose sur le fait que les grandes entreprises sont en principe plus stables que les petites. De ce fait, flux de trésorerie et rentabilité sont plus prévisibles. Elles jouissent également d’une plus grande facilité de financement et leurs actions sont bien plus liquides que celles des petites capitalisations de type startup qui proposent un produit unique commercialisé dans un seul pays. Plusieurs instruments et produits financiers tels que les options, les contrats à terme et les fonds indiciels (ETF) permettent de cranter un peu plus vers la minimisation du risque. Nous aborderons ces notions dans d’autres articles qui leur seront dédiés.
Il convient également de souligner que l’anticipation est la pierre angulaire de l’investissement en bourse. L’action d’acquérir un titre renvoie à l’idée que la valorisation dudit titre ne reflète pas la potentialité que renferme l’entreprise cotée concernée. Si son plein potentiel se matérialise et se développe, il pourrait générer de meilleures perspectives de croissance i.e. plus de revenus, un plus gros chiffre d’affaires et une meilleure rentabilité. Évidemment, la conjoncture de ses éléments peut faire grimper le prix des titres. Cette grille de lecture accorde plus de crédits aux petites et moyennes entreprises, car la plupart n’ont pas atteint un niveau de maturité comparable à celui des grandes capitalisations et pourraient donc par conséquent avoir plus d’opportunités de croissance rapide.
Pour conclure, le mot de la fin vous sera consacré. En tant qu’investisseur en herbe, la curiosité devra être votre compagnon de périple. Bien que cet article se veut didactique, ce n’est qu’un exercice de vulgarisation destiné à éveiller votre intérêt naissant. Éduquez-vous sur la bourse et l’investissement, faites des recherches, lisez et soyez avide de savoir.
Article écrit par Youcef Nazim Tahari.